le sibutral

17-04-2007 à 15:48:12
Cette page et ses annexes présentent l'information disponible pour le médicament Sibutral. Il ne s'agit pas de l'information officielle française qui peut être trouvée dans le dictionnaire Vidal.
La prescrïption du Sibutral en France est maintenant réservée aux médecins spécialistes. Cette restriction, non justifiée dans le communiqué de presse de l'agence du médicament, semble liée aux risques d'une prescrïption non respectueuse des précautions d'emploi.
L'Agence européenne d'évaluation du médicament confirme le rapport bénéfice/risque positif du Sibutral, tout en poursuivant le suivi de cette molécule.

Le Canada place le Sibutral (Meridia) sous surveillance.

Le Sibutral retiré temporairement du marché en Italie.


Le texte suivant est un résumé destiné au grand-public. Les professionnels de santé et les personnes intéressées par des informations plus détaillées peuvent consulter la page "scientifique"

Comment fonctionne le Sibutral ?
La sibutramine, molécule contenue dans le médicament Sibutral, agit sur le cerveau où elle augmente l'effet de la sérotonine et de la noradrénaline. Ces deux substances sont impliquées dans la transmission de l'influx nerveux entre les neurones.

Bien que ses propriétés soient partagées par certains antidépresseurs, la sibutramine est plus proche par ses effets des amphétamines. Elle n'a pas d'effet antidépresseur connu.

La perte de poids résulte essentiellement d'une diminution de l'appétit, ou plutôt d'une diminution du seuil de satiété, et d'une augmentation de la thermogénèse, c'est à dire de la consommation d'énergie par l'organisme dans le but de fabriquer de la chaleur.

Qui peut prendre du Sibutral ?
Le Sibutral est indiqué pour faciliter la perte de poids chez les obèses ou chez les personnes en surpoids qui présentent des facteurs de risque tels qu'un diabète ou un excès de cholestérol ou de triglycérides. Il ne doit bien sûr être employé que si le régime seul n'a pas permis d'obtenir de résultat satisfaisant.

Le calculateur ci-dessous permet de calculer l'indice de masse corporelle : un indice supérieur à 30 correspond à une obésité. Le surpoids est défini par un indice supérieur ou égal à 27.


Calcul de l'indice de masse corporelle (IMC) :

Votre poids en kg : Votre taille (en cm) :



Valeur de votre IMC :

Néanmoins, il est probable qu'il existera une forte demande pour la prise de Sibutral chez des personnes en simple surpoids, sans facteur de risque particulier.
Les limitations dans les indications officielles sont dues au fait que ce médicament est loin d'être anodin. Ses inconvénients avérés ou potentiels ont été considérés comme trop importants par les autorités sanitaires pour permettre une utilisation large du Sibutral.

Le Sibutral n'a pas été étudié et n'est pas recommandé chez l'enfant et chez les personnes de plus de 65 ans.

Comment se présente le Sibutral ?
Le Sibutral existe sous deux dosages : 10 mg (gélule jaune et bleue) et 15 mg (gélule blanche et bleue)

Les boîtes contiennent 28 gélules. Le prix public conseillé est de 540 FF pour le Sibutral 10 mg et de 635 FF pour le Sibutral 15 mg, soit environ 20 FF ou 3 Euros la gélule à 10 mg.

Ce médicament n'est disponible que sur prescrïption médicale. Il n'est pas remboursé par la sécurité sociale.

Quelle est la posologie du Sibutral ?
La posologie initiale de de 10 mg par jour. Si la perte de poids n'atteint pas 2 kg après 4 semaines de traitement, la posologie peut être augmentée à 15 mg. Le médicament doit être pris le matin avec un verre d'eau, indifféremment avant, pendant, ou après le petit déjeuner.

Combien de temps peut-on prendre du Sibutral ?
Le manque de données sur l'effet d'un traitement de longue durée ont conduit les autorités sanitaires à recommander de ne pas dépasser un an de traitement. Il existe pourtant une étude de suivi sur deux ans.

Quelles sont les contre-indications du Sibutral ?
Les contre-indications officielles suivantes résultent d'effets indésirables connus ou observés avec la sibutramine, ou d'effets redoutés du fait des propriétés pharmacologiques de cette molécule :

Allergie connue à la sibutramine ou à un des constituants du médicament.
Obésité due à une maladie (comme l'hypothyroïdie par exemple) qu'il convient de traiter préalablement.
Antécédents de troubles graves du comportement alimentaires, comme l'anorexie mentale ou la boulimie.
Psychoses et notamment dysthymie (psychose maniaco dépressive) : risque théorique d'excitation anormale chez ces personnes prédisposées.
Maladie de Gilles de la Tourette (maladie des tics).
Traitement récent (moins de 2 semaines) ou en cours par antidépresseurs, autres coupe-faims, tryptophane (utilisé comme régulateur du sommeil).
Certaines maladies cardiovasculaires : infarctus ou accident vasculaire cérébral même anciens, insuffisance cardiaque, rythme cardiaque trop rapide, artérite, arythmie.
Hypertension artérielle restant trop élevée malgré un traitement, ou non traitée : supérieure à 14,5 pour le premier chiffre ou à 9 pour le deuxième chiffre. Phéochromocytome (maladie rare provoquant des accès d'hypertension artérielle très élevée).
Hyperthyroïdie (excès d'hormones thyroïdiennes dans le sang).
Insuffisance hépatique ou rénale grave (incapacité du foie ou des reins à épurer le sang).
Adénome de la prostate avec difficultés importantes pour uriner.
Glaucome à angle fermé (à ne pas confondre avec le glaucome banal, à angle ouvert).
Antécédent de toxicomanie, d'alcoolisme, ou de dépendance à une autre drogue ou à un médicament.
Enfant (moins de 18 ans) our personne de plus de 65 ans.
Grossesse ou allaitement.

En quoi consiste la surveillance médicale des personnes qui prennent du Sibutral ?
Les principaux effets gênants de la sibutramine sont une élévation de la pression artérielle et une accélération du coeur. Ces deux paramètres doivent donc être contrôlés régulièrement pendant le traitement, notamment pendant les 3 premiers mois où deux consultations par mois sont recommandées. Une augmentation de la fréquence cardiaque de plus de 10 battements par minutes, ou une augmentation d'un point (13 ->14 par exemple) de la tension artérielle doivent conduire à arrêter le traitement.

Ce médicament possédant des propriétés légèrement excitante, la surveillance médicale des personnes souffrant d'épilepsie doit être renforcée.

Bien qu'il n'existe pas d'élément permettant de penser que la sibutramine puisse poser problème chez la femme enceinte, une contraception efficace est recommandée par prudence chez les femmes en âge de procréer.

Le Sibutral présente-t-il des interactions avec d'autres médicaments ?
En cas de traitement par Sibutral, vous ne devriez pas prendre un des médicaments suivants sans l'avis d'un médecin :
Antidépresseurs sérotoninergiques, certains antimigraineux, médicaments contenant une des substances suivantes : Erythromycine, clarithromycine, ciclosporine, kétoconazole, pentazocine, péthidine, fentanyl, dextrométhorphane, éphédrine (adrénaline), pseudo-éphédrine (et autres décongestionnants utilisés dans le traitement du rhume), rifampicine, phénytoïne, carbamazépine, phénobarbital. Pour plus de détails sur ces médicaments, consultez la page de recherche d'informations médicales.

Pourquoi ne peut-on pas utiliser le Sibutral pendant la grossesse ou l'allaitement ?
La prise de poids pendant la grossesse est un phénomène normal. Il est difficile de parler d'obésité dans cette situation. Par ailleurs les données permettant d'envisager d'utiliser ce médicament en toute sécurité pendant la grossesse ne sont actuellement insuffisantes. Néanmoins, en cas de grossesse survenant pendant le traitement (ce qui ne devrait pas arriver puisqu'une contraception efficace est recommandée) il n'existe aucune raison de craindre une malformation ou un problème quelconque. Le traitement pas Sibutral doit néanmoins être interrompu.

De même, en l'absence de données permettant de savoir si la sibutramine passe dans le lait maternel, il est déconseillé de prendre du Sibutral pendant l'allaitement.

Peut-on conduire sous traitement par Sibutral ?
Les données disponibles ne montrent pas d'altération du jugement ou du comportement chez des volontaires ayant pris de la sibutramine dans le cadre de tests scientifiques. Néanmoins, il paraît prudent d'attendre quelques jours après le début du traitement avant de conduire ou de manier une machine dangereuse, afin d'être certain de l'absence de perturbation du comportement.

Quels sont les effets indésirables du Sibutral ?
Une attitude récente consiste pour les autorités sanitaires à reproduire dans les documents officiels la totalité des sensations, troubles ou maladies constatés pendant le traitement, ce qui ne veut pas dire A CAUSE DU traitement.

Les troubles susceptibles d'être probablement dûs au sibutral sont les suivants :

Palpitations et accélération du coeur, augmentation de la tension artérielle, bouffées de chaleur.
Constipation, hémorroïdes, nausées, perte d'appétit excessive, altération du goût.
Sécheresse de la bouche.
Maux de tête.
Anxiété, insomnies.
Fourmillement cutanés, sudation excessive.
Le fait que ces effets indésirables puissent apparaître sous Sibutral ne veut pas dire que toute personne qui prend du Sibutral va présenter ces troubles.

Conclusion et commentaires

Le Sibutral est un médicament qui fait réellement maigrir, mais pour combien de temps ? Dans la mesure où il n'est pas possible actuellement de le prendre à vie, il est plus que probable que l'arrêt du traitement coïncidera à moyen terme avec une reprise du poids perdu, comme cela est le cas pour tous les coupe-faim. En l'absence de données sur des traitements d'une durée supérieure à 1 ou 2 ans, il est difficile de le recommander comme panacée au problème du surpoids.
Son positionnement est assez paradoxal :

Il est actuellement indiqué dans le cadre d'une optique "santé", c'est à dire chez des personnes pour qui le surpoids ou l'obésité constituent une menace à long terme. Or certains de ses effets secondaires comme l'augmentation du rythme cardiaque ou de la tension artérielle laissent penser que le bénéfice apporté par la perte de poids pourrait être annulé, voire débordé, par un risque cardiovasculaire généré par le médicament lui-même. Ce doute ne pourrait être levé que par des études scientifiques à long terme qui n'existent pas actuellement.

Les propriétés de ce médicament le destinent beaucoup plus à une optique "bien-être", c'est à dire comme "coup de pouce" pour perdre quelques kg avant les vacances ou pour faciliter la perte de poids dans le cadre d'un régime de confort. Malheureusement, le Sibutral n'a pas d'indication officielle pour cette utilisation, et le médecin prescrïpteur engage sa totale responsabilité en cas d'accident.

Il est frappant de constater que le tabac, dont les effets sont très proches, est en vente libre dans presque tous les pays du monde, alors qu'il est addictif et cancérigène (ce qui n'est bien sûr pas le cas du Sibutral). Les similitudes entre le tabagisme et la prise de Sibutral sont frappantes : accélération du coeur, léger effet excitant, augmentation de la production de chaleur, augmentation de la satiété ; il est amusant de noter que le prix d'un paquet de cigarettes et d'une gélule de Sibutral sont également très proches.
Finalement, on en revient toujours au constat qu'il n'existe actuellement pas de panacée chimique pour maigrir et qu'une diététique adaptée, une activité physique régulière et les thérapies comportementales spécifiques sont les meilleurs moyens de perdre ou de stabiliser durablement son poids sans danger.
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ensemble nous vaincronsp)p)p)
17-04-2007 à 15:48:12
La sibutramine : une molécule pour maigrir durablement ?
Nous disposons maintenant d'assez de recul pour évaluer les tenants et les aboutissants des médicaments proposés dans le traitement de l'obésité. Pour que ceux-ci soient utiles, il faut que leur effet se situe dans le long terme car l'obésité est une maladie chronique dans laquelle la plus grande difficulté ne consiste pas à maigrir mais à maintenir la perte de poids dans le temps. C'est pourquoi un médicament mal toléré, qui ne pourrait être prescrit que sur une période de temps brève, n'est pas adapté au traitement de l'obésité.

C'est dans ce contexte qu'est apparue il y a quelques années la sibutramine, une molécule dérivée des amphétamines mais qui s'en distingue par plusieurs points : elle n'induit pas de phénomène de dépendance et l'augmentation de la dose ne provoque aucun plaisir particulier. A la différence de ses prédécesseurs comme la dexfenfluramine (Isoméride) qui a malheureusement défrayé la chronique pour ses effets secondaires mortels (hypertension artérielle pulmonaire primitive), la sibutramine semble très bien tolérée, même dans les études qui s'étendent sur une période de 1 ou 2 ans.
La sibutramine est commercialisée dans différents pays sous les marques Méridia et Reductil, et en France, sous la marque Sibutral.

La sibutramine est une amine tertiaire, métabolisée par le foie où elle donne naissance à deux métabolites actifs pharmacologiquement : la desmethylsibutramine et la didesmethylsibutramine.
Les mécanismes d'action des métabolites de la sibutramine sont basés sur l'inhibition de la recapture de la sérotonine, de la noradrénaline (et de la dopamine), et présenteraient deux activités :
- diminution de la prise alimentaire (diminution de l'appétit par prolongation de la sensation de satiété) ;
- augmentation des dépenses énergétiques par augmentation de la thermogenèse et/ou par augmentation de l'activité locomotrice.

Les sujets traités par sibutramine ne modifient pas leurs ingesta en qualité (la densité énergétique est inchangée) mais en quantité.
La sibutramine n'augmente pas la dépense énergétique de repos, en revanche, elle limite sa diminution au cours de l'amaigrissement.
L'amaigrissement obtenu avec la sibutramine est dose-dépendant. Une dose de 10 mg par jour a conduit dans diverses études à une perte de poids de deux fois celle observée dans les groupes témoins (sujets recevant un placebo).
Les effets indésirables les plus souvent rapportés incluent bouche sèche, perte d'appétit, maux de tête, insomnie et constipation.

Les personnes pour lesquelles la prescription de cette médication peut être envisagée sont les patients ayant un indice de masse corporelle (IMC) > 30 kg/m2 sans facteurs de risques concomitants ou les patients ayant un IMC > 27 kg/m2 avec des facteurs de risque concomitants. La sibutramine doit être utilisée avec prudence en cas d'antécédents d'hypertension et ne devrait pas être utilisée en cas d'hypertension non contrôlée et de pathologie cardiovasculaire concomitante.

La sibutramine augmente la perte de poids par rapport au simple suivi des recommandations diététiques et favorise le maintien de la perte de poids à long terme. Elle augmente significativement le taux de cholestérol HDL (le "bon") et diminue le taux de triglycérides. Le taux d'abandon dans les groupes traités avec Sibutramine ou avec placebo sont comparables, témoignant d'une absence d'effets secondaires gênants. On observe toutefois une augmentation de la pression artérielle et du rythme cardiaque, ce qui explique les contre-indications et la nécessité d'une surveillance médicale des patients au cours du traitement.

Une trithérapie diète - exercice physique - sibutramine, permet d'obtenir d'excellents résultats sans augmenter la fréquence cardiaque et la tension artérielle.

Dans une étude qui consistait à interchanger les traitements chez deux groupes d'obèses suivant un régime hypoénergétique et traités avec sibutramine puis placebo (groupe SP) ou avec placebo puis sibutramine (groupe PS) sur un durée totale de 6 mois, on a pu noter les observations suivantes :
- à l'arrêt du traitement par sibutramine, aucun effet indésirable significatif n'est survenu ;
- en revanche, les sujets du groupe SP ont repris un peu de poids au cours de la phase avec placebo, ce qui les a ramenés à la perte de poids obtenue à la fin de la première phase chez les sujets qui maigrissaient sans sibutramine. Au contraire, les sujets du groupe PS ont continué à maigrir au cours de la deuxième phase (avec sibutramine) mais les effets de la prise de sibutramine ont été nettement plus modestes que ceux observés lorsque la sibutramine est prise en début de la phase d'amaigrissement.

Si la sibutramine permet de maigrir plus vite, mais qu'à son arrêt on reprend le poids perdu en plus par rapport au régime diététique seul, est-il vraiment intéressant d'y recourir et donc d'associer les risques liés à un amaigrissement rapide à la déception de terminer sur une reprise de poids pour le moins décourageante...?

Comme Heini A. le souligne dans son article "Les contre-indications à l'amaigrissement" (Ther Umsch 2000 Aug;57(:537-541), il semble assez communément admis que prendre du poids, même lorsqu'on reste dans la fourchette de poids normal, est préjudiciable à la santé et que l'amaigrissement intentionnel débouche sur un bénéfice à long terme évident. Pourtant, ces idées ne s'appuient que sur une maigre littérature qui confond l'amaigrissement intentionnel et l'amaigrissement non-intentionnel et l'on a tendance à oublier les contre-indications et les effets indésirables liés à l'amaigrissement rapide.
Perdre du poids n'est pas seulement "socialement correct", c'est aussi un changement physiologique qui a des conséquences telles qu'une perte de densité osseuse, des perturbations de l'équilibre électrolytique, l'augmentation des risques de lithiase biliaire et les troubles, physiologiques et psychologiques, liés à l'alternance entre perte de poids et reprise de poids. L'auteur souligne que les médicaments de l'obésité comme la sibutramine sont conçus pour une utilisation à long terme, c'est-à-dire à vie, mais qu'ils ne sont, en pratique, utilisés que pendant quelques mois ce qui, par conséquent, remet totalement leur utilisation et leur utilité en question.
De plus, si ces médicaments sont véritablement utilisés pour la perte de poids et la stabilisation pondérale, donc à vie, des données complémentaires concernant leurs effets à long terme sur la santé sont indispensables. Les risques liés à leur utilisation pourront alors être comparés aux risques liés au fait de rester obèse. Même un effet préjudiciable limité sur la pression artérielle peut s'avérer suffisant pour compromettre les effets bénéfiques d'un médicament sur la perte de poids et la stabilisation pondérale.

Enfin, que l'on soit obèse ou pas, l'état cardiovasculaire est un indicateur indépendant et fiable de la mortalité cardiovasculaire et de la mortalité toutes causes confondues. Les recommandations actuelles qui vont dans le sens de la perte de poids sont faussées par la pression sociale. L'objectif ne doit pas être de maigrir à tout prix, mais d'améliorer la qualité de vie et le pronostic vital. Promouvoir l'activité physique pour améliorer l'état cardiovasculaire des obèses est donc peut-être davantage une priorité que vouloir les faire maigrir coûte que coûte...

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ensemble nous vaincronsp)p)p)